À l’heure du chef Jean-Marc Soldati

Crédit photo : Adrian Ehrbar

C’est dans une région hors du temps que le chef étoilé a installé ses fourneaux. L’Hôtel-Restaurant du Cerf est niché au cœur du village de Sonceboz au sein d’une bâtisse dont l’histoire remonte à 1700. À cette époque, le bâtiment historique logeait les équipages et écuries des voyageurs qui eux s’attardaient dans l’Hôtel-Restaurant voisin, la «Couronne». Un lieu qui a fait l’histoire et qui continue dans cette lignée grâce à la cuisine innovante et raffinée de Jean-Marc Soldati. Nous avons rencontré le chef qui nous parle de sa vision du temps, mais aussi de son amour pour l’horlogerie.

“Le temps file et pouvoir en profiter est précieux.”

Jean-Marc Soldati
Crédit photo : Adrian Ehrbar

Grandes Tables Suisses: Quel est votre rapport avec le temps?

Jean-Marc Soldati: Le temps est précieux en cuisine comme en dehors des fourneaux! 

J’aime prendre mon temps, que ce soit en cuisine lorsque j’imagine un nouveau menu ou à table à partager un bon repas entre amis. Le temps file et pouvoir en profiter est précieux. Par contre, j’ai une règle d’or dans mon travail: la ponctualité. Dans un restaurant, il est essentiel à toutes les étapes, car nous nous battons contre le temps!

GTS: Quel est votre moment préféré derrière les fourneaux?

JMS: J’aime l’aspect de la réflexion lors de la création des plats. J’ai l’esprit libre pour pouvoir trouver les meilleures idées à développer. Le moment le plus pesant est celui du service, car il s’agit d’un laps de temps très stressant où il faut avoir les yeux sur tout.

GTS: Si vous n’avez pas le temps… Que cuisinez-vous? 

JMS: J’adore travailler les œufs qui permettent d’infinies possibilités! Je peux faire une omelette que je fais suer sur du jambon à l’os. Je place ensuite le tout sur une tranche de pain que j’ai assaisonné de sel et poivre. 

GTS: Et à l’inverse, lorsque vous avez du temps? 

JMS: Tout dépend du nombre de personnes, car j’adapte toujours mes menus en fonction, mais je mise à priori sur des crustacés et du poisson. J’aime beaucoup travailler ces produits. 

Crédit photo : Adrian Ehrbar

GTS: Faut-il du temps pour devenir un bon cuisinier?

JMS: Il faut beaucoup de temps, l’expérience vient avec les années tout comme la dextérité. Mais avec le temps on acquiert une certaine routine.

GTS: Vous êtes passionné de montres, d’où vient cette passion?

JMS: Cela m’a toujours beaucoup plu. Cette maîtrise du temps, cette précision… Les fondements de l’horlogerie ont été faits par des pionniers, des mathématiciens de génie. 

Lorsque j’ai débuté ma carrière professionnelle, j’ai hésité entre l’horlogerie et la gastronomie, mais c’était la période de la crise dans ce premier univers, du coup, je me suis orienté vers la cuisine. Aujourd’hui, je ne regrette rien, et dans ma salle j’accueille des gens de l’industrie horlogère avec qui j’ai beaucoup de plaisir à échanger.

GTS: Avez-vous une collection de montres?

JMS: Oh oui, et beaucoup trop (rires)! Richard Mille, Rolex, Maurice Lacroix, Hublot, Longines… Elles sont toutes différentes et si uniques. J’ai la chance d’avoir également une magnifique Blancpain et aussi un prodigieux Réveil du Tsar signé par Breguet. Des pièces qui ont beaucoup de valeur à mes yeux! La montre est le seul accessoire qu’un homme puisse porter, et beaucoup de garde-temps sont de véritables bijoux pour les poignets!

GTS: Quel est à votre avis le lien entre l’horlogerie et la gastronomie? 

JMS: Il y en a beaucoup. Je pense à la précision, la rigueur, la minutie, l’innovation ou encore la créativité. Ces deux univers sont intimement liés!

“Il y a beaucoup de points communs entre l’horlogerie et la gastronomie : précision, rigueur, minutie, innovation ou encore créativité.”

Jean-Marc Soldati
Crédit photo : Adrian Ehrbar

Plus de renseignements sur l’Hôtel-Restaurant du Cerf  sur:  www.cerf-sonceboz.ch

Recette printanière avec Marie Robert

Marie Robert, cheffe cuisinière du restaurant étoilé Le Café Suisse à Bex (16pts au GaultMillau), a su conquérir le monde de la gastronomie avec sa cuisine raffinée, créative et colorée. Aujourd’hui, elle partage avec les lecteurs et lectrices des Grandes Tables Suisses une recette printanière : mousse d’asperges, gelée de morilles, morille restructurée et foie gras. Bon appétit !


Ingrédients

  • 20 asperges
  • 100g de crème montée
  • 2 mini asperges
  • Pour la tuile noire : 10g de farine, 30g d’huile d’olive, 80g d’eau, encre de seiche
  • Pour la tuile rouge : 10g de farine, 30g d’huile d’olive, 80g d’eau, colorant rouge
  • 2 grosses morilles
  • 100g de jus de cuisson de morilles
  • 1 tranche de foie gras à poêler
  • 1 filet de poulet, 2 blancs d’oeuf
  • 1 tomate cerise
  • Sel & poivre
  • Épaississant végétal Sosa
  • Vene Cress, Apple Blossom, Kikuna Leaves
  • Pour la sauce vin cuit : 2 échalotes, 30cl de vin rouge, 100g de fond de veau dégraissé, 30g de vin cuit de poire, poivre noir concassé

Pour les gels

  • 50g de purée d’asperges
  • 50g de purée de courge
  • Ultratex

Préparation

  • Cuire les asperges dans un bouillon de légumes, réduire en purée et passer au tamis. Ajouter la crème, ajouter du colorant vert si nécessaire et incorporer la gélatine. Mouler et surgeler.
  • Blanchir les mini asperges brièvement, réserver.
  • Pour la mousseline de volaille, mixer le poulet avec les oeufs et une morille. Assaisonner. Créer des boudins et cuire au vapeur quelques minutes. Couper en tronçons et réserver.
  • Cuire la morille et couper les pieds. Poêler le foie gras, réduire en purée, assaisonner et farcir la morille. Ajouter la mousseline pour faire le pied. Réserver.
  • Pour la sauce, faire revenir l’échalote émincée et le poivre dans de l’huile d’olive, ajouter le vin rouge et faire réduire. Ajouter le fond et le vin cuit et laisser mijoter 40 minutes. Ajouter du roux si nécessaire.
  • Faire chauffer le jus de morilles et 40g d’épaississant, couler finement en plaque. Détailler en petits ronds.
  • Pour les gels, mélanger les éléments avec l’ultratex jusqu’à obtenir des pommades.
  • Pour les tuiles, mélanger tous les ingrédients et cuire dans une poêle bien chaude. Saler et réserver.
  • Couper la tomate cerise en segments.
  • Dresser et ajouter herbes et fleurs.

Bon appétit!

Retrouvez toutes les informations sur le Café Suisse à Bex ici : https://www.cafe-suisse.ch/

Crédit photo : Adrian Ehrbar

Les «Green actions» du Bernerhof

Situé au cœur du village de Gstaad, l’établissement 4 étoiles Bernerhof se distingue tant par la haute qualité de ses infrastructures que par la diversité des activités qu’il propose. A sa tête, Brigitte et Thomas Frei ne cessent de s’engager avec passion pour proposer aux hôtes un séjour inoubliable. Parmi les sujets que tiennent à cœur les propriétaires: l’écologie. Ils nous en parlent plus amplement. 

Thomas Frei

“Notre philosophie est officiellement certifiée: avoir du plaisir et travailler sur la durabilité en toute harmonie.”

Thomas Frei

Grandes Tables Suisses: Depuis combien de temps avez-vous entamé une démarche écologique au sein de votre établissement?

Thomas Frei: C’est une démarche qui doit venir de l’intérieur, des convictions de chaque individu pour s’engager dans l’environnement et l’écologie. C’est un sujet particulièrement important pour nous, nous sommes situés dans une région montagneuse et nous sommes dépendants d’une belle nature que nous souhaitons valoriser et préserver.

GTS: Pensez-vous que désormais le luxe est indissociable du terme écologie?

TF: Le luxe et l’écologie n’ont jamais interféré. Consommer des fraises au mois de décembre n’est par exemple pas un luxe mais juste de la stupidité. A l’heure actuelle, de plus en plus de gens se soucient de cette thématique qui nous touche tous, à différents niveaux.

L’hôtel Bernerhof. (Crédit photo : Adrian Ehrbar)

GTS: Vous avez mis en place tout un programme appelé #fairstay au sein du Bernerhof. Parlez-nous de ce qu’implique cette certification?

TF: La certification ibex fairstay n’inclut pas seulement le fait que les artisans locaux reçoivent des commandes mais aussi la manipulation prudente et l’économie des ressources: énergie, déchets, achats, ameublement et environnement. 

  • L’ancrage régional: La valeur ajoutée doit rester dans la région. Emplois, réduction des voies de transport, etc.
  • L’équilibre social: Les employés et les hôtes doivent se sentir à l’aise. Le personnel doit avoir des possibilités de travail équitables, etc. 
  • La qualité de la gestion: organisation, gestion des employés, etc.
  • Et finalement les finances et performances pour un fonctionnement économiquement sain, etc.

GTS: Côté gastronomie, le petit déjeuner provient directement de la région. Quelles sont les spécialités de Gstaad que l’on peut retrouver dans nos assiettes?

TF: En effet, l’ensemble des produits laitiers, les produits à base de viande, les œufs. Les mueslis, flocons, etc. que nous avons proviennent du Moulin de Dittling. Ce lieu produit également des céréales sans additifs.

Crédit photo : Adrian Ehrbar

GTS: Vous avez obtenu le label ibex fairstay ainsi que le label QIII. Concrètement: est-ce difficile d’adopter les différents aspects de ces certifications?

TF: L’Association suisse du tourisme nous a récemment remis ce certificat QIII. Mais le QIII nous a bien sûr aussi aidés à obtenir la certification @fairstay.

GTS: Depuis la mise en place de tout cela, quels sont les résultats que vous avez pu constater?

TF: Désormais, notre philosophie est officiellement certifiée: avoir du plaisir et travailler sur la durabilité en toute harmonie.

GTS: Au sein de votre alpage Züneweid, vous cuisinez sur un feu de bois en vous passant d’électricité, une démarche osée! Comment votre clientèle accueille cette démarche écoresponsable?

TF: Nos hôtes apprécient vraiment cette démarche. Même les chefs les plus prestigieux, comme la famille Ravet, a travaillé ainsi au sein de notre alpage. Ce fut une très agréable expérience appréciée par tous!

GTS: Finalement, respecter la nature, c’est aussi pouvoir en profiter pleinement. Pourriez-vous nous recommander, en ce moment, une balade à réaliser sur place?

TF: Il est toujours agréable de faire des randonnées autour du lac de Lauenen. Ou l’Arnensee (Lac d’Arnon), qui est entouré d’arbres. Sur place, on s’imagine facilement au Canada. Au-dessus du lac se trouve également l’Alp Seeberg, dont le beurre d’alpage et le fromage d’alpage sont proposés au buffet du petit déjeuner, une belle expérience à vivre pour les amoureux de nature !

Plus de renseignements sur l’hôtel Bernerhof sur: https://www.bernerhof-gstaad.ch/fr/

Martin Dalsass, le “Pape de l’huile d’olive”

Une création culinaire de Martin Dalsass

Surnommé le « Pape de l’huile d’olive » depuis plus de 20 ans, Martin Dalsass, chef du restaurant Le Talvo à Champfèr (St. Moritz), possède un style culinaire tout à fait unique, sublimé par une véritable passion pour les huiles d’olive. En constante recherche de la parfaite harmonie entre les saveurs, le chef étoilé aux 18 points GaultMillau se confie sur cette fascination pour ce qu’il considère être l’instigatrice de sa cuisine. Interview.

Grandes Tables Suisses : Comment est née cette passion pour les huiles en cuisine ? D’où vient votre surnom ?

Martin Dalsass : Ma passion pour les huiles est née en 1986 lors d’une dégustation faite en compagnie d’un grand ami, le maître producteur d’huile Rocco Lettieri.

Ce fut un réel coup de foudre gastronomique ! Ce jour-là, j’ai compris que l’utilisation de l’huile adéquate en cuisine découlait d’une recherche constante et méticuleuse du produit que l’on cherche à sublimer. C’est ainsi que l’huile d’olive, tant pour ses propriétés organoleptiques – telles que le goût, l’arôme, la couleur, la texture et la fluidité – que pour ses propriétés nutritionnelles – notamment l’absence de cholestérol – est devenue la protagoniste de ma cuisine.

C’est le magazine Gourmet qui a utilisé ce surnom pour la première fois en 2000. L’éditeur m’avait d’abord surnommé le “Prince de l’huile d’olive”, puis le guide gastronomique du GaultMillau a ensuite repris et rebaptisé en “Pape de l’huile d’olive”. 

GTS : Avec combien d’huiles différentes travaillez-vous ?

MD : Normalement, je travaille avec 8 à 10 huiles d’olive différentes, provenant de différentes régions de l’Italie. Je préfère l’huile d’olive italienne parce que ce pays a des caractéristiques territoriales et climatiques uniques. Il dispose d’une très large gamme d’excellentes huiles dans la plupart de ses régions, avec une grande variété et de nombreux arômes. Les possibilités sont sans fin ! 

GTS : Avec quelle huile préférez-vous travailler ? 

MD : Je dois dire que j’aurais du mal à n’en choisir qu’une seule, car chaque huile a son propre caractère. Demandez à un œnologue de ne choisir qu’un seul vin, il rencontrera le même dilemme cornélien : impossible ! 

Je classe mes huiles d’olive en trois catégories distinctes pour chaque région : délicate, moyenne et intense. En fonction des ingrédients utilisés dans le plat, je vais sélectionner l’huile d’olive la plus appropriée. Par exemple, pour les pâtes, les artichauts, les légumineuses, la salade de roquette, l’agneau ou le poisson, j’utilise une huile intense. Sur les desserts ou les viandes blanches, je vais favoriser une huile moyenne. Sur les écrevisses, les poissons de lac et les salades, je choisirai une huile légère. L’utilisation de la bonne huile d’olive permet de s’assurer que les saveurs s’exaltent mutuellement, créant ainsi cette parfaite harmonie dans le plat que je recherche.

Découvrez la sélection d’huiles d’olive et de produits favoris de Martin Dalsass, à commander chez vous : https://www.talvo.ch/media/food-line_homepage_2021_en.pdf 

GTS : Vous avez un style culinaire unique à la fois méditerranéen et alpin qui provient de vos origines du Tyrol du Sud. Dans l’élaboration de vos recettes, créez-vous un nouveau plat à partir d’une huile spécifique, ou l’utilisez-vous seulement comme touche finale ?

MD : Étant originaire du Haut-Adige et donc proche des montagnes, j’ai créé ce que j’aime appeler “la cuisine méditerranéenne dans les Alpes”, qui a toujours caractérisé ma façon de cuisiner. Dans mes plats, on y retrouve la mer, les montagnes et le lac. Il y a tout un monde empli de variété et de diversité, et l’huile en est le fil conducteur qui réunit ces divers éléments. Ce n’est donc pas une touche finale, mais une partie intégrante, voire essentielle de la recette.

” Dans mes plats, on y retrouve la mer, les montagnes et le lac. Il y a tout un monde empli de variété et de diversité, et l’huile en est le fil conducteur qui réunit ces divers éléments. “

Martin Dalsass
Crédit photo : Adrian Ehrbar

GTS : D’où proviennent les huiles que vous utilisez ?

MD : Les huiles d’olive que nous utilisons proviennent principalement de la région de Garda, puis de la Vénétie, de la Toscane, de l’Ombrie, des Marches et de la Sicile.

GTS : Quel est votre secret pour reconnaître et acheter une bonne huile, et quelle est votre huile préférée ?

MD : Déguster, déguster et… Encore déguster ! C’est précisément pour cette raison que je n’ai pas d’huile d’olive absolument préférée. Chaque huile d’olive doit être spécialement adaptée au type de plat et vice versa. 

GTS : L’utilisation d’une bonne huile est probablement un aspect très sous-estimé de la gastronomie. Pouvez-vous nous dire ce qu’elle peut apporter à la qualité des plats réalisés ?

MD : L’huile d’olive est très importante, mais elle a la même importance que tous les ingrédients de la recette ; je dirais que le point essentiel est qu’elle doit avant tout être d’excellente qualité. Son arôme, sa fraîcheur, son dosage détermineront le succès et l’équilibre d’un plat.

GTS : Quelle spécialité à base d’une de vos huiles peut-on trouver sur le menu Talvo ? Pouvez-vous nous dire une recette qui est sublimé par l’utilisation d’une de vos huiles ?

MD : L’un des mets favoris du restaurant est probablement la mousse au chocolat à l’huile d’olive et framboises ! La recette est à découvrir ci-dessous :

Recette de mousse au chocolat (Felchlin, Arriba 72%) à l’huile d’olive et aux framboises (8 personnes)

IngrédientsMarche à suivre
180 g chocolat noir

125 g d’huile d’olive
Dissoudre
Faites fondre le chocolat avec l’huile d’olive au bain-marie. Séparez les jaunes des blancs d’œufs.
3 jaunes d’œufs

55 g de sucre
Fouetter en mousse
Battre les jaunes d’œufs avec le sucre pour obtenir une mousse.
3 blancs d’œufs

55 g de sucre
Monter 
Battre les blancs d’œufs avec le reste du sucre, en laissant le mélange souple.
200 g de crème fouettée

Cacao en poudre

80 g de framboises

2 cuillères à soupe de purée de framboises
Mélangez les deux préparations d’œufs avec le chocolat. Enfin, incorporer la crème fouettée. Placez la mousse au chocolat dans les cercles à mousse et laissez reposer au réfrigérateur pendant au moins 6 heures.

Préparation des cercles à mousse

Badigeonnez l’intérieur des cercles à mousse de chocolat liquide  et laissez refroidir.

Présentation du plat

Enlevez les cercles à mousse et saupoudrez la mousse de poudre de cacao. Posez la mousse sur une assiette. Décorez l’assiette avec les framboises et la purée de framboises selon votre imagination.

Retrouvez toutes les informations sur le restaurant Talvo sur le site internet : https://www.talvo.ch/